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Pour inaugurer notre série Ti Kozé, nous souhaitons vous emmener au Brésil, en pleine période de carnaval, pour redécouvrir “Orfeu Negro”, ce film légendaire de Marcel Camus inspiré de l’œuvre de Vinicius de Moraes.
Nous continuons ce voyage au rythme de la samba et de la Bossa Nova, nous vous invitons également à vous plonger dans la lecture du livre “Les étoiles les plus filantes” d’Estelle-Sarah Bulle, romancière française originaire de Guadeloupe dont l’œuvre fait écho au tournage de ce film hors norme cité ci-dessus.
Terminons notre voyage avec l'album live “La Fusa” d'une figure emblématique de la musique brésilienne : Vinicius de Moraes.
Orfeu Negro
Redécouvrir “Orfeu Negro” durant la période du carnaval revêt une signification toute particulière. Couronné par la Palme d’or au Festival de Cannes en 1959, ce film réalisé par Marcel Camus et inspiré de la pièce du poète brésilien Vinicius de Moraes, revisite avec brio l’épisode mythologique d’Orphée et Eurydice, où Orphée descend aux Enfers pour retrouver son amour perdu.
Ce film se distingue par son casting principalement composé d’acteurs noirs et amateurs, reflétant une authenticité et une vérité rares. Cette décision audacieuse de Marcel Camus, à une époque encore empreinte de préjugés, marque une rupture significative avec les idées rétrogrades des années 1950.
La beauté visuelle d’Orfeu Negro est un autre aspect remarquable, grâce à un travail sur la couleur éclatante présente dans chaque scène, qui enrichit l’expérience du spectateur. Cette esthétique, combinée à la musique emblématique, avec ses salsas du carnaval et l’émergence de la Bossa Nova, invite le spectateur à fermer les yeux et à se laisser transporter par les rythmes captivants.
“Tristeza nao tem fim. Felicidade sim” João Gilberto
“La tristesse n’a pas de fin, le bonheur, oui” Ces mots semblent échoir parfaitement à l’essence même d’Orfeu Negro, nous inspirant à voir ou revoir le film pour prolonger les moments de bonheur qu’il procure.
Les étoiles les plus filantes
Roman d'Estelle-Sarah Bulle, Édition Babelio
Quelle coïncidence de tomber sur ce roman alors que nous projetions d’écrire un article sur Orfeu Negro... Et quelle révélation que celle d’Estelle-Sarah Bulle, une romancière française aux racines guadeloupéennes.
Estelle-Sarah Bulle, votre ouvrage Les étoiles les plus filantes nous a enchantés, offrant une extension naturelle au voyage débuté avec Orfeu Negro, dans le Brésil des années 1950. Votre récit va bien au-delà du carnaval et du tournage d’Orfeu Negro, explorant le contexte politique de l’époque. Nous avons été séduits par votre talent à mettre en exergue les figures emblématiques de la poésie et de la musique brésilienne telles que Vinicius de Moraes, João Gilberto, Carlos Jobim, sans oublier l’éclosion de Baden Powell et, plus particulièrement, la naissance de la Bossa Nova.
Vous parvenez à décrire avec finesse cette musique, vecteur de liberté pour le peuple brésilien. Votre livre offre une fenêtre sur les dynamiques de tension présentes dans les pays en développement durant la guerre froide, époque où il fallait se positionner dans un “camp”. Il permet également de vivre les derniers moments de liberté des protagonistes, qu’ils soient acteurs du film Orfeu Negro, poètes, musiciens ou politiciens démocratiquement élus, à l’image du président
« Bossa Nova » Juscelino Kubitschek, avant que la dictature militaire n’étende son emprise de fer sur le peuple, les artistes et la culture, jusqu’en 1985.
La Fusa
Album live, Vinicius de Moraes
Notre voyage s'achève en musique avec l'album live “La Fusa” d'un pilier de la poésie et de la musique brésilienne : Vinicius de Moraes. Enregistré en 1970 dans un bar animé de Buenos Aires en compagnie de Maria Creuza et du talentueux guitariste Toquinho, cet enregistrement est bien plus qu'une simple représentation musicale.
Fuyant la pression de la dictature brésilienne, le poète et diplomate brésilien a entrepris une tournée mondiale, atterrissant finalement en Argentine. C'est là qu'un producteur local, séduit par le spectacle envoûtant de Vinicius, a décidé d'immortaliser l'instant en capturant l'ambiance unique de leurs performances live.
Au cœur de cet album, Vinicius de Moraes revisite certains de ses plus grands classiques, co-créés avec des légendes telles qu'Antonio Carlos Jobim et Baden Powell. De plus, il introduit des compositions de jeunes talents brésiliens prometteurs tels que Caetano Veloso, Jorge Ben et Toquinho, alors âgé de seulement 24 ans.
L'enregistrement de La Fusa est devenu un jalon historique, offrant une introduction sublime au merveilleux monde de la Bossa Nova. Nous vous convions à la rencontre de ce grand artiste à travers cette expérience musicale unique, où chaque note résonne avec l'histoire et l'authenticité d'une époque révolue.